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Les TBI/TNI: qu'est-ce qu'on en dit?


Je me demandais jusqu'à tout récemment pourquoi les écoles investissaient dans des tableaux blancs interactifs (TBI - aussi appelés tableaux numériques interactifs ou TNI) fort coûteux qui ne servaient pas à grand chose. Effectivement, les enseignants que j'ai vu les utiliser ne s'en servaient que pour encercler des mots dans un texte. L'usage n'était pas bien plus excitant que celui fait du traditionnel rétroprojecteur, où l'on encerclait les mots sur une acétate avec un crayon à l'encre. D'ailleurs, acétate, ça sonne comme une maladie pulmonaire. L'école, je me suis dit, veut peut-être garder les jeunes entre ses murs plus longtemps en les attirant avec l'utilisation d'un outil technologique appelé le tableau blanc interactif, parce que la technologie, aujourd'hui, c'est cool.

Mais.

En faisant des petites recherches pour satisfaire ma curiosité, j'ai découvert un site internet qui propose des activités faites pour le TBI. Il y a des activités de lexique qui abordent le vocabulaire lié à la famille, à la météo, au temps (saisons, jours de la semaine, mois de l'année) et à une visite chez le médecin - en trois parties -. À ce sujet, on sait à quel point il est important de pouvoir décrire des symptômes chez le médecin, afin qu'il puisse diagnostiquer le problème pour lequel on va le consulter. Un vocabulaire travaillé avec la clientèle immigrante (surtout!) à cette fin peut être plus qu'utile dans la vie quotidienne.

Ce site internet propose aussi des activités de phonétique sur les couples [t]/[d], [p]/[b] et [g]/[k], entre autres. Il est toutefois dommage qu'aucune activité ne soit proposée sur les voyelles [y] et [u] (respectivement «u» et «ou»), qui sont problématiques pour des immigrants parlant des langues dans lesquelles le son [y] n'existe pas et qui, pour cette raison, ont de la difficulté à entendre ce son et à le prononcer.

Des activités intéressantes pour faire participer les élèves et tendre vers l'interaction entre ces derniers et la matière à apprendre, il y en a. Par contre, tout n'est pas rose avec ces tableaux blancs. Si l'enseignant écrit au tableau, il devient difficile pour lui de continuer à surveiller sa classe, puisqu'il lui tourne le dos. Certaines critiques des TBI mentionnent d'ailleurs le fait que les TBI permettent à l'enseignant de mieux enseigner de manière magistrale, alors que la tendance en éducation veut que l'élève soit co-constructeur de ses connaissances (Karsenti, Collin et Dumouchel, 2012). De plus, Karsenti, Collin et Dumouchel (2012) mentionnent le peu de recherches sérieuses sur les impacts de l'implantation des TBI dans les classes sur la réussite scolaire des jeunes. Ils critiquent aussi les TBI en argumentant que les problèmes techniques qui y sont reliés, le manque de formation des enseignants et le soutien informatique inadéquat font que les « enseignants passent plus de temps à gérer les défis technologiques inhérents à l’usage du TBI qu’à se préoccuper de ce que les élèves apprennent ».

Il faut se souvenir, je crois, que les enseignants ne doivent pas oublier l'intention pédagogique seulement pour profiter d'un outil technologique. C'est l'intention pédagogique qui mène, l'outil vient par la suite.


Karsenti, T., Collin, S. et Dumouchel, G. (printemps 2012). L'envers du tableau: ce que disent les recherches de l'impact des TBI sur la réussite scolaire. AQEP Vive le primaire, 25(2). Repéré à http://www.thierrykarsenti.ca/pdf/scholar/ARP-karsenti-98-2012.pdf





Commentaires

  1. En lisant ton blogue, j'ai été heureuse de savoir que nous avons, plus ou moins, la même opinion sur le TBI/TNI. Comme tu as fait ton stage à la même école que moi, nous avons eu la même expérience. Les professeurs, bien que le TBI soit nouveau et tout frais sortir du four, ne n'utilisait pas énormément. Probablement parce qu'ils ne connaissaient pas bien l'outil ou qu'ils ne voulaient tout simplement pas l'utiliser.

    Je suis allée voir le site que tu as conseillé dans ton blogue, et, honnêtement, 'est de cet outil que les enseignants de St-Maxime auraient besoin. Non seulement, comme tu l'as bien dit, les activités sont parfaites pour la clientèle de l'accueil, mais il s'agit d'un site assez simple à utiliser et à explorer.

    Je crois aussi qu'une formation est nécessaire, pour les nouveaux utilisateurs de cet outil. Une différente gestion de classe doit aussi être prévue, encore une fois comme tu l'as mentionnée.

    « Tout bon prof doit réaliser qu'en 2014, on ne peut pas enseigner sans les technologies. Mais il faut en faire un usage réfléchi, en lien avec la réussite des étudiants. » (Karenti, 2014)

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